Comment tout a commencé

En juillet 2017, j’assiste à ma deuxième retraite de 10 jours de Vipassana, en haut d’une montagne suisse.

Surprise, l’enseignant qui la dirige n’est autre que… Yuval Noah Harari. Depuis une estrade un peu surélevée, il nous a guidé avec clairvoyance et tendresse. Cela reste pour moi un souvenir particulier, notamment parce que les qualités pédagogiques de Yuval sont hors du commun.

Le dernier jour, au moment des questions,  je m’approche timidement et je demande : 

– Désolé si ma question sort un peu du cadre du cours, mais, selon-vous, comment peut-on faire d’internet un endroit plus respectueux des valeurs de la méditation ?

– Je ne peux pas répondre à cette question ici, ce n’est pas l’endroit. Ce que je peux vous dire, en revanche, c’est qu’il est intéressant d’être attentif à ce qu’il se passe en vous lorsque vous êtes au contact des technologies. Observez-vous et demandez-vous quelles sensations vous ressentez quand tu scrolles. Comment est le souffle ? Comment est votre coeur ? Quelles images se présentent à votre conscience ?

Même si j’étais un peu déçu de ne pas avoir de réponse à ma question grandiloquente, j’ai gardé précieusement ses conseils.

Depuis, cette question ne m’a plus quitté et m’a orienté dans la vie.

ENSEIGNEMENTS

Depuis une quinzaine d’années, je m’engage à explorer et transmettre une vision plus consciente de notre relation au monde numérique.

En 2014, ce chemin m’a conduit à enseigner la philosophie du numérique à l’Université de Californie, à Berkeley. De retour en France en 2016, j’ai poursuivi cette réflexion dans les médias, notamment sur France Culture puis France Inter, en mettant en lumière les enjeux politiques du numérique. En parallèle, j’ai poursuivi un travail de transmission : d’abord en formant des députés à la communication numérique à l’Assemblée nationale en 2018, puis à Sciences Po, où j’ai enseigné pendant cinq ans dans le cours de Culture numérique dirigé par Dominique Cardon.

En 2021, j’ai entrepris un doctorat en sciences de l’information et de la communication, portant sur les liens entre méditation et technologie, soutenu en avril 2025.

Au fil des années, cette exploration intellectuelle s’est nourrie d’une démarche intérieure, au croisement de la spiritualité et de la santé mentale. Depuis ma première retraite Vipassana en 2016, j’ai participé à une douzaine de retraites silencieuses, vécu plusieurs mois dans un centre de méditation, et j’anime aujourd’hui des retraites de fin de semaine en petit groupe.

Je crois profondément qu’une vie numérique plus consciente est possible — et surtout nécessaire. J’ai à cœur de partager des outils pour cultiver l’attention, ralentir dans un monde qui s’accélère, et accompagner celles et ceux qui souhaitent avancer sur ce chemin de lucidité et de présence.